
L'Eau
(dystopie agreste)
€19.00
Les hommes ayant été incapables de s'amender, le soleil a fini par tout brûler. L'eau pour se protéger s'est cachée au creux des rochers. Inaccessible.
Malmenée, la nature a survécu, mais l'humanité a quasi disparu. Seuls demeurent quelques milliers de survivants accrochés à l'ubac d'une grande montagne. Ils sont répartis en deux peuples curieusement différents mais vivant en paix et assumant leur complémentarité.
Un phénomène étrange et incompris permet à une immense cuve de se remplir du liquide vital à intervalles réguliers, mais chaque fois au prix exorbitant d'un sacrifice humain. Cette situation fragile finira par devenir très incertaine.
Ce reste infime subsistera t-il ?
Roman du genre fantastique.
300 pages
#permaculture #jardinier #fantastique #amour #aventures #technologie
Ce soir-là, quand il rentra chez lui le jardinier était préoccupé. Au sein de la vallée majestueuse et féconde, les hommes avaient recommencé à se multiplier. Cet été il n’y aurait pas assez de tomates.
Il se dirigea vers son bureau ouvrit un tiroir et en sortit un coffret de bois précieux. D’un creux du rocher qui servait de mur à l’habitation il tira une petite clé et ouvrit la boite. Il en retira un objet oblong de couleur grise légèrement brillante. Sur l’un des côtés, il y avait deux connecteurs trapézoïdaux chromés dotés chacun de cinq petits orifices. Sur la grande face du dessus était écrit en lettres d’or : « D : ».
Le disque dur.
Ce genre d’appareils était depuis longtemps tombé dans l’oubli. On ne savait plus y lire et encore moins y écrire. C’est en tous cas ce que prétendait le jardinier et personne à ce jour n’avait pu apporter un démenti. Il posa l’objet sur sa table alla verrouiller sa porte et fermer ses volets. La pénombre s’était maintenant installée.
Il s’assit dans le grand fauteuil jaune qui faisait face à un large espace uniformément recouvert de peinture noire. Une grotte sombre. Il plaça le disque dur sur le bout de ses genoux et fit claquer sa langue deux fois sur son palais. Un petit animal roux surgit de nulle part et sauta silencieusement sur ses cuisses. Un chat.
Distraitement le jardinier se mit à caresser la bestiole. Celle-ci s’installa confortablement, elle s‘étendit tournant le dos à son maître. Ses deux pattes avant reposaient sur le disque dur. Un bonheur tranquille s’établissait, en témoignait le ronronnement qui émanait maintenant de la petite bête. Cela semblait devoir durer mais à un moment, comme s’il faisait un mauvais rêve, le chat fut saisi d’une sorte de crampe et ses membres se tendirent. Ses griffes sortirent. Fines et pointues elles pénétrèrent dans les orifices des connecteurs du disque dur.
Des paupières entrouvertes du micro félin jaillirent deux faisceaux lumineux qui finirent par se synchroniser et firent apparaître une scène vivante au milieu des ténèbres de la grotte. Le ronronnement se mua en sons, en paroles, en musique.
Il y avait des plantes, des grimpantes, des rampantes certaines maintenues par des tuteurs. Au milieu un homme parlait. Il portait un chapeau de paille, une chemise à carreaux, une salopette verte et des bottes de caoutchouc noir.
Il tenait un bol carré en plastique noir. Dedans poussait une plante avec une longue tige dotée de feuilles dentelées. Une odeur bizarre se répandit dans la pièce. L’homme se mit à genoux et creusa un trou dans le sol meuble. D’un seau à côté de lui il retira, à l’aide d’une petite pelle métallique, une matière brunâtre et friable assez pailleuse. Du fumier fut il expliqué, du fumier de cheval. Il versa le contenu de sa pelle au fond du trou, et deux autres pelletées suivirent. Il retourna le bol, la plante vers le bas retenue par les doigts écartés de sa main. Il retira le pot d’autour de la plante ; la terre faisait une motte qui ne s’effrita pas beaucoup quand il la retourna et la plaça dans le trou au-dessus du fumier. Il reboucha la cavité et tassa doucement le terreau autour de la tige.
L’hologramme s’évanouit quelques secondes une musique douce s’éleva. Puis, la même scène réapparut. Le temps semblait avoir passé les plantes avaient grandi et elles produisaient maintenant toutes sortes de fruits multicolores. L’homme était aujourd'hui vêtu d’une chemise orange, il se tenait devant le végétal qu’il avait planté celui-ci portait de magnifiques fruits rouges un peu plissés, des tomates. A côté une autre plante du même type mais plus petite portait les mêmes fruits mais moins nombreux et moins gros. Il parla un moment, il semblait enthousiaste : Vraiment avec du fumier, produit naturel s’il en est, les résultats étaient bien meilleurs. La différence entre les deux plantes était conséquente et devait tout à la précieuse matière administrée à la plus belle.
Le jardinier bougea, comme s’il avait besoin de chasser un engourdissement, le chat se réveilla et sauta vivement à terre. Tout disparut, ne restait plus que le noir de la nuit qui s’était entre temps installée.
Le jardinier se leva prit sa veste et son chapeau sur le porte manteau et s’en revêtit. Les technodules malgré tous leurs défauts avaient la qualité d’élever des chevaux qui naturellement produisaient le puissant engrais. Peut-être y avait-il moyen d’en récupérer un peu. Cette démarche lui coûtait beaucoup car il ne voulait en rien cautionner leur manière de vivre, et souhaitait au maximum limiter les échanges. Mais impérativement, il fallait plus de tomates, alors…